Messiah 1754 | Haendel
Pourquoi un énième Messie ?
« Je suis allé chercher, parmi les différentes moutures qui existent, la version très intéressante de 1754, à cinq solistes. Il faut savoir que lorsque Haendel arrivait dans une ville pour faire jouer son oratorio, il avait à disposition des solistes de niveau inégal. Il se dépêchait donc de remanier sa partition (…) On est en prise directe avec la réalité de producteur de Haendel. C’est-à-dire qu’à l’époque, pour vivre de sa musique, le compositeur devait absolument faire jouer ses œuvres et engranger un bénéfice sur la soirée. L’idée de ne pas retoucher son œuvre pour ne pas l’abîmer ou la dénaturer est une idée totalement contemporaine. Il doit exister une douzaine de versions du Messie, je ne les ai pas toutes répertoriées ; celle de 1754 est rarement jouée parce qu’elle exige cinq solistes : deux sopranos, alto, ténor et basse (…) Je prends le parti ici d’une version opératique, modelée dans le drame qu’est cette histoire de la vie du Christ. » Hervé Niquet
Un passionnant portrait, « le millefeuille Hervé Niquet» est inclus dans ce livre-disque : des propos recueillis en une trentaine de mots-clés (de Danse à Trac) qui lèvent un voile sur un des chefs les plus atypiques de la planète musicale.
Informations
Produit chez Alpha Classics.
Coproduction Le Concert Spirituel, Alpha Classics / Outhere Music France.
Enregistré en décembre 2016 à Notre-Dame du Liban à Paris.
Sortie le 13 octobre 2017.
Durée : CD1 46 min | CD2 69 min
Distribution
Sandrine Piau soprano
Katherine Watson soprano
Anthea Pichanick contralto
Rupert Charlesworth ténor
Andreas Wolf baryton-basse
Hervé Niquet direction
Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel
Ayant reconnu que sa composition ne produisait tout son effet qu’avec un effectif d’une importance appropriée, Haendel accrut peu à peu le nombre des choristes et la taille de son orchestre. D’après les factures du Foundling Hospital, on comptait une soixantaine d’exécutants en 1754. Reprenant une idée antérieure – en plus de quelques autres petites modifications –, Haendel distinguait à présent dans l’effectif les soli des ripieni.
Lorsque le « Grand Oratorio spirituel, intitulé Le Messie » de Haendel fut joué pour la première fois le 13 avril 1742 dans le Music Hall de Dublin récemment construit, plus d’un des sept cents auditeurs présents dut saisir intuitivement l’importance exceptionnelle de cette œuvre musicale. Mais nul, pas même le compositeur, ne pouvait imaginer que cette même oeuvre allait devenir en peu d’années un des plus grands succès publics de tous les temps et qu’elle exercerait une influence décisive sur le développement ultérieur du genre. Alors âgé de cinquante-sept ans, Haendel se trouvait depuis plusieurs années dans une situation professionnelle précaire. Ses opéras, qui avaient rencontré autrefois un grand succès auprès du public londonien, étaient moins bien accueillis depuis que, vers le milieu des années 1730 environ, les mélodies brillantes, simples et émouvantes, des jeunes compositeurs napolitains s’étaient imposées sur les scènes concurrentes. Après qu’au cours des premiers mois de l’année 1737, trois de ses nouveaux opéras étaient tombés l’un après l’autre, même ce maestro sûr de lui-même qu’était Haendel fut forcé de constater que son étoile au ciel de l’opéra londonien commençait à décliner. La conséquence en fut une grave crise physique et psychologique dont il mit du temps à se remettre.
Le texte que son vieil ami le librettiste Charles Jennens lui proposa à l’été 1741 représentait une véritable innovation : cette présentation de la vie de Jésus ne reposait pas, comme il était usuel, sur les récits des quatre Évangiles, mais suivait en grande partie les textes des prophètes de l’Ancien Testament. Haendel semble avoir été stimulé par ce livret inhabituel dont la matière lui offrait la possibilité d’unir de manière tout à fait inédite les différentes traditions de l’opéra italien, des «anthems» anglais et des oratorios de la passion allemands. On peut mesurer son enthousiasme et l’intensité de son inspiration artistique à la durée extrêmement brève qu’il mit à composer le Messie : il commença cette œuvre monumentale le 22 août et la termina seulement trois semaines plus tard, le 14 septembre.
Lorsque l’oeuvre fut enfi n exécutée à Londres en mars 1743, les réactions furent bien plus réservées. Le public trouva d’abord étrange qu’une grande oeuvre spirituelle sur la vie de Jésus soit présentée dans une salle de concert. Haendel semble avoir prévu ce problème car il avait fait omettre le titre original et annoncer son oeuvre simplement comme « A new sacred oratorio ». Sans se laisser impressionner par les premières réactions hésitantes de ses auditeurs, il remit le Messie au programme en 1744 et 1745. La véritable carrière triomphale de l’oeuvre ne commença cependant qu’avec l’exécution du 1er mai 1750, dans le cadre d’un concert de bienfaisance en faveur d’un orphelinat, le Foundling Hospital. Ayant reconnu que sa composition ne produisait tout son effet qu’avec un effectif d’une importance appropriée, Haendel accrut peu à peu le nombre des choristes et la taille de son orchestre. D’après les factures du Foundling Hospital, on comptait une soixantaine d’exécutants en 1754. Reprenant une idée antérieure – en plus de quelques autres petites modifications –, Haendel distinguait à présent dans l’effectif les soli des ripieni.
Extraits du texte de Peter Wollny - livret de l'album Alpha 362
Récompense
Découvrez les dates de tournée de cette version dite du Foundling Hospital du Messie de Haendel